Le métier d’avocat regorge de fantasmes divers… La robe noire, les effets de manche, les grandes plaidoiries… Mais aussi l’image de la personne vénale prête à défendre les pires monstres pour gagner sa croûte… La réalité est sensiblement différente. Tout d’abord, l’avocat pénaliste, le plus médiatisé (et aussi souvent le plus pauvre) ne représente qu’une partie des multiples rpoles qu’un avocat peut embrasser au cours de sa carrière.
Alors, pourquoi devenir avocat…? Pour le prestige? Dans l’espoir d’avoir un compte en banque bien garni? Pour le statut social? Pour la passion d’aider son prochain? Pour écouter des personnes en souffrance raconter leurs malheurs? Déconstruisons ensemble quelques clichés sur la profession!
Devenir avocat dans l’espoir d’être riche
Je crois qu’aujourd’hui, le mythe de l’avocat nanti qui nagent dans les billets de banque prend chaque jour un peu plus de plomb dans l’aile… Il y a environ 70 000 avocats en France. Le revenu médian est de 40 000€ par an. C’est à dire que 35000 avocats gagnent plus et 35000 gagnent moins. Parmi cette moitié qui gagnent moins, une bonne proportion gagne à peine plus que le smic… Ca ne vend pas vraiment du rêve.
Les nantis existent, bien sûr. Les ténors du Barreau qui facturent 1000€ de l’heure, les associés de gros cabinets, les fiscalistes qui ne comptent pas leurs heures… Mais ils ne représentent qu’une minorité de la profession. Faire ce métier pour l’argent est donc un pari assez risqué!
Le prestige et le statut social
A ce niveau-là, il me semble que le cliché reste plutôt vrai. J’ai pour ma part constaté une différence significative du regard porté sur moi depuis que j’ai réussi l’examen d’entrée. Je suis soudainement devenue « quelqu’un », pour certains. Des personnes qui m’ignoraient jusque là ce sont mises à s’intéresser à moi… Cela a suscite parfois même de la jalousie.
Il y a ceux que cela rend curieux, ceux qui se mettent à avoir une attitude presque révérencieuse et d’autres qui deviennent agressifs. Force est de constater que le statut d’avocat ne laisse personne indifférent.
Je ne sais pas si les avocats méritent la réputation prestigieuse qu’on leur attribue, en tous les cas, si c’est une place reconnue et enviée qui motive à devenir avocat, on est sur la bonne voie.
Défendre les faibles et les opprimés
Quand on n’est pas du milieu et que l’on pense « Droit » et surtout « avocat », ce qui vient à l’esprit est celui qui défend, au choix, la veuve et l’orphelin ou le dangereux criminel. Si le premier rôle fait rêver, le second fait l’objet de fantasmes souvent infondés.
Il faut également savoir que la branche pénaliste du droit reste presque marginale au regard de tous les autres litiges qu’un avocat peut avoir à connaître. On peut être avocat en droit social (droit du travail), en droit civil (droit de la famille, successions, divorces, contrats, etc…), en droit administratif et ne jamais avoir à défendre le moindre délinquant. On peut aussi dédier une partie de son activité au droit pénal tout en laissant une place aux autres affaires. Bref, le droit est un sujet extrêmement vaste!
On peut effectivement vouloir dédier son activité aux victimes. On peut aussi décider de défendre des criminels sans être un monstre pour autant. Un avocat défend une personne, pas une cause. Il s’assure que les droits du mis en cause/prévenu/accusé sont respectés tout au long de la procédure sans avoir à cautionner les faits présumés commis par son client.
Bref, on peut avoir pour vocation de défendre les faibles et les opprimés, qu’ils soient victimes ou délinquants d’ailleurs… Mais à part de rares cas ou après des années de carrière, il est peu probable que ce soit le gros morceau de son activité. Mieux vaut miser sur une activité généraliste au début, surtout en province.
On peut aussi décider d’être avocat sans jamais mettre un pied à une audience (en se spécialisant en droit des affaires, par exemple.)
Être avocat pour ne plus jamais s’ennuyer
Je crois que l’a profession d’avocat est considérée comme l’une des plus chronophages et exigeantes. Je ne suis pas encore avocate, je ne peux donc pas infirmer ou affirmer cet état de fait. Je suis en stage chez deux avocates qui n’ont pas l’air absolument débordées. Elles bossent beaucoup mais laissent également une place non négligeable à leur vie privée et notamment leur famille.
De là à dire qu’elles se la coulent douce, il ne faut pas exagérer… Je ne crois pas que l’on embrasse cette profession afin de ne rien faire de ses journées. Mais je crois aussi qu’on peut l’exercer sans tout sacrifier. C’est du moins mon espoir! ^^
En tout cas, je crois que c’est une activité qui permet en effet de ne plus s’ennuyer, voire de ne plus fermer l’œil, parfois!
Être avocat par passion, tout simplement…
L’un de nos professeurs nous a dit en cours « Vous allez faire des envieux. Les gens vont vous envier parce que vous serez riches. Riches d’un métier qui vous rendra heureux de vous lever chaque matin. Votre sourire fera des jaloux. »
J’ai beaucoup aimé ce petit discours. Je ne suis pas encore avocate, mais je sens déjà la passion. Je suis déjà heureuse de me lever chaque matin, que ce soit pour aller en cours ou au cabinet où je fais mon stage. J’y vais le sourire aux lèvres. Je sais que la réalité du métier ne sera pas toujours rose. Il y aura des doutes, l’angoisse de ne pas boucler le mois, la peur de perdre un procès, le sentiment d’illégitimité… Mais je crois que le fait d’exercer une passion rendra les aléas beaucoup plus faciles à surmonter.
Alors pourquoi être avocat? Pour la passion du droit, pour la justice, pour la passion de son prochain.