Ma méthode pour réussir la note de synthèse!

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Vous venez de vous inscrire à l’IEJ, vous avez pour projet de devenir avocat, vous avez réussi brillamment votre licence et votre master et vous ne voyez pas ce qui pourrait se mettre en travers de votre chemin vers l’avocature…
Vous regardez le programme du CRFPA: « Droit des obligations? J’en fais mon affaire. Spécialité et procédure? Trop fastoche… Et Note de synthèse… C’est quoi ce truc? Ca ne doit pas être bien méchant! »

La note de synthèse, ou l’épreuve incontournable des concours professionnels du droit (ENM, CRFPA, Concours d’huissier, etc…), et qui pourtant n’a jamais, JAMAIS été abordée au cours du cursus universitaire… La note de synthèse, l’épreuve écrite au plus fort coefficient qui peut te flinguer ton CRFPA… La note de synthèse, celle dont on se dit « Ca ne doit pas être si méchant! » et que l’on se met à redouter comme la peste. Bref, la « NDS » pour les intimes.

Avant de vous exposer ma méthode révolutionnaire, je voudrais rappeler dans un premier temps, en quoi cette épreuve consiste.

La note de synthèse, qu’est-ce donc?

La note de synthèse est une épreuve de cinq heures au coefficient trois (contre un coeff 2 pour les autres épreuves écrites). C’est la toute première épreuve que l’on passe. C’est la plus importante à plusieurs titres: si on a le sentiment de l’avoir raté (ce qui est très souvent le cas), on risque de se démobiliser pour les épreuves suivantes; si on obtient une note en dessous de 8/20, c’est quasiment irrattrapable; c’est l’épreuve la plus déstabilisante et son coefficient est inquiétant.

La note de synthèse est, conformément à l’arrêté d’examen du 17 octobre 2016, une épreuve comportant un dossier d’une trentaine de pages constitué d’une vingtaine de documents relatifs aux aspects juridiques des problèmes sociaux, politiques, économiques ou culturels du monde actuel.
Si on résume, on a donc 20 documents sur 30 pages à synthétiser en 5 heures.

Concrètement, la NDS a toujours un titre (on vous dira qu’il est possible qu’elle n’en ait pas et il est vrai qu’on n’est à l’abri de rien, mais a priori, vous aurez un titre) qui traite d’un sujet de société sous l’angle juridique. L’année dernière, nous avons planché sur le sujet « L’imprescriptibilité à l’épreuve des droits fondamentaux ».
Le dossier est constitué de divers documents plus ou moins longs. Articles de presse, jurisprudence, articles de loi, décret, articles de doctrine. C’est rarement folklorique, ça reste quand même souvent très académique. Il est possible que vous ayez un document « intrus » mais c’est très très peu probable et quoi qu’il en soit, il faudra le citer dans votre copie.

Et la copie, parlons-en! Elle devra faire 4 pages et pas une de plus (il existe une tolérance pour quelques lignes sur la cinquième page, dans certains IEJ, renseignez-vous à ce sujet!). A Toulouse, par exemple, une ligne sur une cinquième page nous assurait de ne pas avoir la moyenne. TOUS les documents devront être cités. Suivant les IEJ et suivant la grille de notation de la commission, vous pourrez ne perdre qu’un point par doc non cité ou au contraire, vous voir refuser la moyenne si un seul doc est manquant… Afin de ne pas jouer avec le feu : citez tous les documents et n’en parlons plus!

4 pages, citation de tous les documents tout en éliminant ce qui n’a rien à voir avec le sujet. Une intro, deux parties, deux sous-parties (I- A, B; II- A, B) et pas de conclusion. Des titres sans verbe conjugué, qui vont droit au but. Deux ou trois paragraphes par sous partie.

La note de synthèse est une épreuve de rapidité, d’entraînement et de confiance en soi. C’est, tout du moins, comme ça que je l’ai vécue. Il faut lire vite, comprendre vite, trier très vite, rédiger vite, sans faute d’orthographe, avec une syntaxe correcte et une écriture lisible. C’est une épreuve de forme. Ce n’est vraiment pas une épreuve où vous pourrez faire valoir votre vivacité d’esprit.

Il s’agit de rester neutre, de ne donner aucun avis personnel, de ne relever aucun trait d’esprit. Bête et méchant, droit au but, le plus rapidement possible.

Quand on est confronté pour la première fois à cette épreuve, c’est très très déstabilisant! Mais alors, comment l’aborder quand on ne brille pas par son esprit de synthèse? Voici ma méthode!

Un passif compliqué avec la NDS

Tout d’abord, je tiens à dire que « ma méthode » n’a pas exactement fait ses preuves dans la mesure où j’ai eu 12 à l’examen final. Alors ok, 12, c’est pas mal, m’enfin ce n’est pas non plus la note du siècle. Je ne sais donc pas si je suis très légitime à donner des conseils…
Ce dont je suis sûre, c’est que ma méthode, très personnelle et parfaitement empirique, m’a sauvé la vie (enfin a sauvé mon CRFPA en tout cas).

Pour ma toute première note de synthèse, je suis allée au premier galop d’essai de l’l’IEJ en mode « YOLO », sans aucune envie de bûcher et avec l’idée de repartir aussi vite que j’étais venue. J’ai donc bâclé ma copie en un peu plus de trois heures, heureuse d’être libérée et persuadée d’avoir une note catastrophique. Résultat quelques semaines après: 14,5/20 (sachant qu’il n’y avait que 6 notes égales ou supérieures à 14). Passée la stupéfaction, je me suis sentie la reine du monde, celle pour qui la NDS n’avait aucun secret.
Pour la NDS suivante, j’ai décidé de bien m’appliquer. Si je pouvais avoir 14,5 en bâclant le truc, je devrais vraiment cartonner en y passant du temps!! Résultat: 6/20. Douche froide…

C’est alors que j’ai saisi toute l’ampleur de la difficulté de la NDS. J’ai décidé de m’entraîner tant et plus pour réussir à me remettre dans les conditions de la première, celle qui m’avait permis d’avoir une bonne note… En vain. Je n’ai plus jamais réussi à avoir la moyenne cette année-là.
A l’examen final, la NDS est restée un véritable traumatisme. Je n’avais aucun réflexe auquel me raccrocher, j’ai complètement paniqué, j’ai passé toute l’épreuve en sanglotant et en luttant mentalement pour rester et terminer ma copie. J’ai eu 8 et cela m’a coûté le CRFPA (bon ça et la procédure…)

Pour la deuxième tentative, j’ai décidé de mettre toutes les chances de mon côté. J’ai lu une vingtaine de méthodes différentes afin de m’en imprégner. Lire d’abord les articles de presse, la doctrine, puis la JSP, et enfin les articles de loi… Lire d’abord le document le plus long. Commencer finalement par le plus court… Apprendre des plans par coeur, essayer de les faire coller au sujet. Je me perdais en conjecture et pendant ce temps-là, mes résultats stagnaient autour de 8. Alors ok, 8, ce n’est pas la grosse cata, mais ça peut vite devenir fatal.

Et puis un jour, j’ai eu une révélation: La NDS est une épreuve pour laquelle il ne FAUT PAS réfléchir. Surtout pas. Du tout. Il faut mettre son cerveau en pause, arrêter de penser, laisser les doutes au placard et foncer. J’ai alors décidé qu’à partir de maintenant, je ferais tous mes entraînements le plus vite possible. Et c’est là que mes résultats ont enfin commencé à remonter (sans atteindre des sommets, mais au moins, j’avais la moyenne, en culminant à 14)

Alors à mon sens, cette méthode s’applique à ceux qui n’ont jamais la moyenne ou qui ont des notes super fluctuantes sans jamais briller. Je ne pense pas qu’elle soit valable pour tout le monde, mais ça vaut le coup d’essayer pour un galop d’essai et voir si cela vous convient ou pas. N’allez pas passer l’examen final en testant mes conseils pour la première fois hein!!

Une méthode empirique mais néanmoins efficace !

Afin de remplacer le contexte, il faut savoir qu’en deux ans, j’ai fait plus d’une vingtaine de NDS. J’ai donc acquis des automatismes à force de m’entraîner. Je ne peux que vous encourager à faire le plus de NDS possible, même si c’est super chiant, parce qu’il n’y a que comme ça que vous saurez ce qui est bon pour VOUS!
J’ai développé MA méthode au fil des mois et je vous la livre parce qu’au final, cela a été payant (enfin tout est relatif, j’ai eu 12, pas 18…)… Cela reste une méthode un peu « sur mesure » et je vous encourage vraiment à trouver la vôtre. Tant mieux si vous trouvez des conseils utiles ici, mais à mon sens, il n’y a pas recette miracle… (J’ai cherché partout pourtant! ^^)

D’un point de vue formel, vous devez d’abord vous renseigner sur les exigences de votre IEJ afin de ne pas risquer d’erreur bête et rédhibitoire.

Pour ma part, j’ai donc mis en place une sorte de petit rituel afin de me sécuriser tout en n’ayant pas à réfléchir. Lors de la première tentative, j’ai complètement paniqué et je ne voulais surtout pas que ça se reproduise.

D’un point de vue pratique, au tout tout début de l’épreuve (et pas avant parce qu’on n’a pas le droit), je notais le sujet en majuscules et en gros sur un brouillon (prévoir plein de brouillons, on pensera à l’écologie un autre jour). En dessous, je notais le nombre de documents dans autant de petites cases afin de les cocher au fur et à mesure de leur lecture puis de leur citation dans la copie (comme sur l’image ci-dessous). Ainsi, j’étais sûre de n’en oublier aucun, avec mon double check! Ca peut sembler idiot et beaucoup trop pragmatique, mais le jour J, on a tendance à perdre ses moyens. Donc autant mettre en place des habitudes qui deviendront des réflexes.
Je notais également tous les plans-types appris par coeur… Ca ne m’a jamais servi, concrètement, mais si je ne le faisais pas, j’avais peur d’oublier un truc crucial… Donc ça me permettait de dégager de l’espace mental! Ca peut sembler bête, mais je crois qu’il faut savoir s’écouter pour ne pas être parasité par un truc idiot. (Les plans-types, vous en trouverez partout: théorie/pratique, notion/régime, avant/après, similitudes/différences, institutions/fonctionnement, etc… C’est quand même bien de les connaître parce que même si on ne s’en sert pas le jour J, cela imprègne notre façon de penser et de réfléchir au sujet, sans que l’on en ait conscience).

En dessous, je notais TOUTES les idées que le titre m’inspirait, avant même d’en commencer la lecture (pendant 2/3 minutes).
Ensuite je lisais les titres des documents (dans l’ordre du dossier) ainsi que les mots en gras, les phrases soulignées ou en italique et je notais les mots-clés qui me paraissaient pertinents. (Ce point précis, je l’ai appris grâce à Grégory Portais chez Objectif Barreau. en gros, j’ai lu un million de méthodes et j’ai fait un medley à ma sauce…). Cela me prenait un bonne dizaine de minutes. Mais ce travail m’a semblé vraiment essentiel pour avoir une vision globale du dossier.
Ensuite, je faisais comme ce que l’on apprend en philosophie au bac: je lisais chaque mot du titre afin d’en comprendre l’essence. Je ne les définissais pas comme au bac mais je m’assurais d’avoir bien compris tous les enjeux du titre. C’est primordial pour éviter un hors sujet ou d’oublier la moitié de l’énoncé…

A ce stade, et cela peut paraître très dangereux: j’établissais des plans. Pendant cinq minutes, je notais tous les plans qui me paraissaient probables au vu de ma lecture transversale. En lisant un dossier de NDS, j’ai environ 50 idées qui popent dans mon esprit… Certaines sont pertinentes et d’autres n’ont rien à voir. Mais toutes les noter me permettait de faire le tri et de commencer à y voir plus clair.

Ensuite, je faisais un tri des documents par idées principales. Je favorisais la lecture des articles de presse en premier parce que ça permet effectivement d’avoir une première approche non technique. Je lisais le reste dans n’importe quel ordre (pour chaque thème) et à vrai dire, il m’arrivait souvent de zapper certains documents que je trouvais trop fastidieux.
A ce stade, je prenais des notes sur un brouillon A4, dans le sens de la hauteur (mode portrait). Je faisais une première colonne pour noter le numéro du document et noter les documents afférents ET dans quelle partie de la copie je pensais que cela pouvait aller (Intro, I-A, II-B, etc…). Je traçais une deuxième colonne afin de noter les mots-clés et les notions qui me semblaient essentielles (pour ne pas les oublier ensuite) et enfin, je gardais une troisième grosse colonne pour noter les éléments à intégrer à ma copie. Je les notais de manière à n’avoir quasiment qu’à les recopier tels quels. Donc pas seulement des bullet point mais des phrases « réinterprétées » et donc directement exploitables.

Venait ensuite un court temps consacré au choix du plan. En général, l’un de ceux que j’avais noté avant se révélait pertinent et je le gardais en l’état.
Ensuite, je prenais cinq minutes pour surligner chaque sous partie de mon plan et je surlignais chaque phrase correspondante sur mon brouillon. Cela me permettait de gagner du temps en ayant un visuel très accrocheur.
Ensuite, je rédigeais ma copie et voilà.
Ca, c’est pour le côté « purement rédactionnel ».

Mais c’est au niveau « gestion des émotions » qu’à mon sens, ma méthode est la plus aboutie! ^^
Comme je l’ai dit, la NDS est une épreuve qui me fait paniquer. Je réfléchis beaucoup trop, je doute très vite, je m’ennuie, je perds patience, je me fatigue trop vite… Bref, cette épreuve est pour moi une torture (et j’en ai quand même fait une vingtaine… Cet examen nous fait faire des choses étranges!)

J’ai donc appris à m’adapter à MA façon de fonctionner, à cesser de me juger et à accepter que ma réflexion n’est pas pire qu’une autre, elle est juste propre à moi.
J’ai donc décidé de réaliser mes NDS le plus vite possible afin de m’adapter à mon propre rythme.
Je ne suis pas spécialement une rapide… En revanche, j’ai une capacité de concentration qui n’excède pas trois heures. Difficile, donc, de réaliser sereinement une épreuve en cinq heure… Il faudrait que je puisse prendre une vraie grosse pause, que j’aille me changer les idées, discuter, lire ou regarder un film, ce qui n’est évidemment pas possible lors d’un examen. J’ai donc décidé de faire mes NDS comme si je n’avais que trois heures pour les terminer.

Cela a eu plusieurs gros avantages:
– Monté sur ressorts, mon cerveau ne pouvait plus penser qu’à la NDS (sans laisser s’insinuer les doutes…)
– Assurée d’avoir terminé mon épreuve dans les trois heures, j’étais plus encline à m’entraîner souvent
– Aller vite vite vite me permettait d’atteindre mon « instinct » (si tant est qu’il existe un instinct de la NDS)

En gros, j’étais un peu dans le même état que lorsque l’on prend la voiture pour un trajet que l’on connaît bien. Si on commence à réfléchir au chemin, on ne va plus savoir par où passer… Parce qu’habituellement, on connaît si bien le chemin qu’on pourrait le faire les yeux fermés, et c’est un peu ce que l’on fait… On est perdu dans nos pensées, on ne fait pas attention à ce qui se trouve sur la route, on sait qu’il faut tourner à droite, 300 mètres après la boulangerie mais on ne se le dit pas consciemment… On le sait, c’est tout. Et si on se met à y réfléchir, on va commencer à douter « c’est avant ou après la boulangerie? Zut, je ne sais plus… »

Et bien c’est un peu pareil avec la NDS, en ce qui me concerne. Je me suis mise en « mode automatique ». Aucune réflexion autre que le sujet. Lire les docs, sortir un plan, noter les mots-clés, etc… Bête et méchant. Avancer comme si on n’avait pas le temps afin de ne surtout surtout pas penser à ce qui pourrait arriver si je ratais cette épreuve… Ne pas penser à la qualité du plan ni à la pertinence de l’introduction. Juste vérifier les points factuels: tous les docs sont cités, j’ai bien deux parties, deux sous-parties. Le tout est relativement équilibré. Mon intro est plus petite que la plus petite de mes sous parties (et plus bonne que la plus bonne de tes copines)(on a les références qu’on peut ^^). Ma copie ne fait que quatre pages. Simple, basique. (On va s’arrêter là pour les références musicales si vous le voulez bien…)

C’est ainsi que j’ai terminé ma NDS en 3h40 et que j’ai obtenu 12/20 au CRFPA 2019. Ce n’est pas une note mirobolante mais j’ai sauvé les meubles. Je ne pense pas que j’aurais pu faire mieux étant donné mes facultés limitées dans cette matière. Je pense même que considérant mes difficultés, je peux être vraiment très contente.
Je ne pense pas que ma méthode soit universelle mais c’est celle qui me convient à moi. C’est donc à prendre avec des pincettes!
J’ai décidé d’écrire cet article parce que je suppose que je ne suis pas la seule à fonctionner ainsi, à me laisser envahir par des pensées perturbantes et angoissantes (qui prennent un temps fou!). Donc si ça peut aider quelqu’un d’autre, tant mieux.
Mais je le rappelle, chacun doit trouver ce qui lui convient à lui!

La NDS est une épreuve vraiment particulière. Certains excellent sans efforts tandis que d’autres, comme moi (peut-être les plus nombreux) galèrent à trouver un moyen d’y arriver. Enraînez-vous autant que possible. Ne lâchez rien, ne baissez pas les bras et apprenez au fur et à mesure. Apprenez à acquérir des automatismes qui vous aideront le jour J (moi, ça m’a permit de ne pas réfléchir et donc, de ne pas paniquer. En sortant de la salle je ne savais pas trop ce que j’avais rendu, et ça m’a permis de partir neutre pour les trois autres épreuves… Et pas avec la conviction que j’avais tout raté, comme l’année précédente) et apprenez à vous connaître.

J’espère que ce très (trop, beaucoup trop) long article vous éclairera au moins sur quelques points! 🙂 (Au moins, vous constatez par vous-même que la synthèse, ce n’est vraiment pas mon truc! :p )

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