D’un parcours atypique à la réussite au CRFPA – Première partie

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Le premier article de ce blog est consacré à la présentation de mon parcours, ce qui est plutôt une bonne entrée en matière.

Mon parcours atypique (voire chaotique par moment) prend source dans les aléas qui ont bordé mon chemin. A moi tout seule, j’ai fait mentir de nombreuses statistiques et idées reçues. C’est pour cette raison que partager mon expérience me semble intéressant pour tous les candidats au CRFPA et, plus largement, à tous ceux qui souhaitent atteindre un objectif sans se sentir légitime.

Résumé

Pour résumer, avant un récit plus détaillé: j’ai d’abord été descolarisée vers mes 16 ans après un cursus très aléatoire, je suis devenue mère à 19 ans, j’ai ensuite passé le bac et j’ai intégré un cursus AES (administration, économie et social) avant de valider un master 1 de droit international et comparé l’année de naissance de ma deuxième fille.
J’ai ensuite ouvert un blog et développé une activité de rédaction sur internet et de consulting en social media pendant dix ans, tandis que je donnais naissance à deux enfants supplémentaires (c’est important d’offrir au pays des citoyens qui pourront cotiser pour la retraite!). Je me suis inscrite à l’IEJ en 2018, alors que mon “petit dernier” avait 2 ans. J’ai échoué la première année et j’ai réussi à la deuxième tentative, fin 2019. Je suis les cours à l’Ecole des avocats de Toulouse depuis janvier 2020.

Au regard de ce bref résumé, on comprend aisément quels étaient les préjugés en ma défaveur… Reprendre ses études alors que l’on s’est exilé du système? Réussir le bac en étant une très jeune mère célibataire? Gagner sa vie avec les réseaux sociaux? Réussir le CRFPA après une partie de cursus en AES? Réussir avec quatre enfants?  IMPOSSIBLE!!! Mais partant du principe que je n’avais pas grand chose à perdre, j’ai tenté ma chance et force est de constater que cela a été plutôt payant sur le long terme. Mon idée n’est ni d’engendrer de la compassion ni de l’admiration, mais bien de faire rayonner le message que RIEN n’est impossible si on a l’envie, la motivation et la rigueur. Au vu de mon cursus chaotique, si j’ai réussi, c’est à la portée de tous. Cela a peut-être été plus difficile pour moi que pour un autre, sans doute. Le syndrôme de l’imposteur reste particulièrement présent chez moi (mais est-il réellement absent chez d’autres au parcours plus linéaire?) Néanmoins, c’est faisable, j’en suis la preuve vivante!

*****

Pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur mon parcours atypique, voici le récit détaillé. Je vais essayer de ne pas trop me disperser tout de même.

Ma scolarité et mes choix professionnels

En gros, jusqu’à la fin de la primaire, je suis une élève qui réussit sans trop comprendre ce qui est attendu… Je suis une écolière effacée et mutique. A chaque fois que je réponds, au prix de terribles efforts : “Avocate” à la question “Que veux-tu faire quand tu seras grande”, on me rit au nez avec sarcasme “Avocate? Mais tu n’es même pas capable de faire une phrase pour me répondre!”
En mon for intérieur, je me promets de devenir un jour la voix de ceux qui, comme moi, sont obligés de se taire.
Je m’en sors néanmoins sans trop de dommages dans les classes élémentaires, mais ce n’est plus la même chanson dès le collège.


Sixième, je commence à perdre pied. Cinquième, c’est la dégringolade. Et quatrième, c’est carrément le saut sans parachute. Je me retrouve dernière de la classe avec le statut officiel de cancre “qui ne réussira jamais rien dans la vie”.
J’obtiens le brevet par miracle, à force de travail à la dernière minute. 

J’espère que le lycée se passera mieux mais c’est encore pire. Dès la fin de la seconde, je vais en cours en touriste. J’abandonne l’école dès la première. Je quitte le domicile familiale dans la foulée.
Je passe tout de même le bac “pour voir”. J’obtiens 6 de moyenne, ce qui me laisse de marbre. J’ai toujours l’étiquette “cas social qui va rater sa vie” collée sur le front.
Le problème avec les étiquettes, c’est qu’à force, on finit pas les adopter…

Je tombe enceinte et donne naissance à une petite fille alors que je suis âgée de dix-neuf ans.
Ce petit miracle me donne une force prodigieuse. Je souhaite donner toutes ses chances à mon petit bébé. Je quitte Paris pour m’installer à Angoulême, où les loyers sont moins chers. Je m’inscris au lycée pour passer le bac.
Je suis peu encouragée par mon entourage dans cette entreprise mais je m’en fiche. J’ai une idée en tête, je m’y tiendrai!
Au lycée, j’ai la chance de tomber dans une classe et avec des professeurs qui croient en moi, qui me soutiennent et m’encouragent, relevant tous mes efforts malgré une situation compliquée.
J’obtiens le bac L avec mention, ma fille a 15 mois.

Je m’inscris en AES. Je voulais faire du droit mais une conseillère d’orientation m’en a dissuadé au cours de ma terminale. Ce sera trop difficile vu mon niveau. AES c’est bien, on y fait du droit mais c’est plus simple.
Pour une littéraire, AES, c’est du suicide (il y a du droit, certes, mais il y a aussi beauuuucoup d’économie, de maths et de gestion…). Sachant que je suis dyscalculique, c’était l’idée du siècle! ^^
J’obtiens toutefois le DEUG à l’Université de Poitiers (antenne d’Angoulême) avec 12 de moyenne (merci les matières juridiques!)

Je pars en Licence à Toulouse, j’ai 23 ans. Je me sens toujours très en retard, mais plus les années passent et plus l’écart avec les autres étudiants est insignifiant.
Je ne valide que le premier semestre de ma Licence. Je passe en L3 (l’année de la réforme LMD) et valide le second semestre l’année suivante.
Je bifurque en Master 1 de Droit international car la maîtrise AES est supprimée avec la réforme. Nous sommes donc tous réorientés en droit (international ou commercial), en économie ou en informatique. C’est une aubaine que je saisis avec délectation. Enfin du droit et rien que du droit!

Malheureusement, l’échec lors de ma licence m’a considérablement fragilisée. Je rencontre également des difficultés dans ma vie personnelle ainsi que des problèmes de santé. Je mets alors quatre ans pour valider le M1. Une unité par an, grosso modo. Ce qui reste à ce jour un profond complexe et une source de honte.
Pendant ce temps là, pourtant, je me marie et je tombe enceinte d’une deuxième petite fille lors de la quatrième année. Elle naîtra le lendemain de la validation de mon M1. La vie sait se montrer facétieuse, bien souvent!

Quelques mois avant de tomber enceinte, j’ouvre un blog avec l’idée de publier des critiques de cinéma, mais très rapidement, je parle de ma grossesse et de ma “vie de maman” avec un ton plutôt décalé. Le succès est fulgurant. Les propositions commerciales ne tardent pas. Je deviens rapidement “rédactrice web” et mon activité prend de l’ampleur très rapidement. Je suis sollicitée par de nombreuses marques pour écrire sur leurs sites ou blogs respectifs.
Petit à petit, je développe une activité de consulting en social media et de community management.
Cette profession (qui en est devenue une à part entière au fur et à mesure des années, tant dans ma vie qu’aux yeux de la société) m’occupe depuis plus de dix ans. Elle m’a permis de gagner ma vie en pratiquant ma passion pour l’écriture tout en me laissant la liberté d’organiser mon emploi du temps comme bon me semblait.

L’idée de devenir avocate ne me quitte pas vraiment mais passe au second plan car nos projets de famille nombreuse devient notre priorité. De plus, mon activité apporte un confort substantiel à notre famille.
Je tombe enceinte de notre troisième fille et son petit frère s’invite très rapidement. Nos deux benjamins ont treize mois d’écart. Autant de bonheur que de fatigue! ^^


En 2017, notre fils a deux ans quand l’envie de réaliser mon rêve de toujours s’impose à nouveau.

Suite du récit dans la deuxième partie de l’article!

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