CRFPA : l’échec qui mène à la réussite
Je m’inscris à l’IEJ de Toulouse en 2017 mais les cours ne commencent qu’en 2018.
Mon cursus ne m’a jamais permis de faire de pénal, je décide donc de m’inscrire dans cette option. Le droit international me passionnait mais je veux découvrir autre chose. De toute façon, en sept ans, j’ai eu le temps de tout oublier alors autant choisir une option qui m’attire!
Très motivée et surtout très consciente de mes lacunes juridiques après une si longue pause étudiante, je décide d’assister en sous-marin à tous les cours dispensés par la fac qui me concernent, en attendant le début de l’IEJ. Droit des contrats (L2), droit de la responsabilité civile (L3), droit pénal général (L2), droit pénal spécial (M1 mention droit pénal), droit pénal international (M1 mention droit pénal), droit pénal du travail (M1 mention droit pénal), libertés fondamentales (L3)*… J’ai un emploi du temps bien chargé, mais je suis tellement heureuse!
Cela m’aide à réacquérir quelques réflexes. Mais surtout, cela me permet de reprendre un rythme de travail un peu plus carré et exigeant. Et surtout, je me sens à ma place, dans un domaine qui me passionne.
Dans la mesure où je ne préparais rien en parallèle (pas de M1 ou de M2 comme certains autres étudiants), je pouvais me permettre de remplir mon agenda. Je bossais toujours à côté mais étant freelance, je n’ai pas beaucoup d’impératifs horaires particuliers…
Ces trois mois de cours ont été très profitables pour la suite. En effet, la première année, j’ai suivi tous les cours de l’IEJ et au mieux, je ne pipais pas un mot de ce qui se racontait, au pire, j’avais le sentiment de perdre mon temps. Le seul point vraiment positif de cette formation ce sont les amitiés qui en ont découlé <3
Autant dire que les cours construits et détaillés des autres cursus m’ont bien aidé!
J’ai des notes assez catastrophiques aux examens blancs (au nombre de trois à l’IEJ de Toulouse), sauf pour ma première note de synthèse où j’obtiens un 14,5!
Je décide de m’inscrire à une prépa estivale pour augmenter mes chances. Je choisi Objectif Barreau (dont je pourrai parler dans un autre post, si un retour vous intéresse). Durant l’été, je passe mes journées à réviser et à plancher sur les sujets. Mes notes grimpent rapidement et je termine le dernier galop avec 11 de moyenne (ce qui n’est pas extra mais néanmoins plutôt prometteur). Bizarrement, c’est la note de synthèse (NDS) qui devient ma bête noire…
Je vais passer l’examen en septembre, décidée à en découdre! Premier jour, NDS. Le sujet me laisse totalement dubitative, je suis envahie par l’angoisse, je passe globalement cinq heures à me retenir de sangloter et à m’empêcher de fuir…A ce stade, je sais que c’est terminé pour moi. Mais je m’accroche et donne tout ce que je peux en pénal et oblig. Je baisse en revanche les bras au bout d’une heure à l’épreuve de procédure… La fatigue, le stress, la certitude d’avoir échoué ont raison de moi.
Le résultat est sans appel quelques semaines plus tard. J’ai la moyenne en pénal et en oblig mais un 8 irrattrapable en NDS et une note catastrophique en procédure (5 de mémoire). Non admissible.
J’encaisse le choc avec difficulté. Je vais checker mes copies. Le prof de pénal me dit un truc magique “Vous avez un bon niveau, ne baissez pas les bras, vous avez les capacités de réussir!” Ca me remonte le moral.
Mes amies de l’année précédente ne sont plus avec moi. L’une a réussi l’examen tandis que l’autre a déménagé à l’autre bout de la France (lâcheuse!). Je ne suis pas très motivée par les cours de l’IEJ. J’y vais de temps en temps, sans grande conviction…
Je passe les galops d’essai. Mes notes sont meilleures que l’année passée mais pas folichonne non plus. Je galère en NDS, j’enchaine les 7, les 8, les 9… L’épreuve a 3 de coefficient, je désespère donc un peu…
En parallèle, j’écris un livre à la demande d’un grand éditeur. Mon activité de rédactrice prend un nouveau tournant que j’accepte avec beaucoup de bonheur. Je laisse de côté les cours, convaincue que tout se joue pendant l’été, surtout avec déjà une année de préparation dans les pattes.
L’été, je me réinscris chez OB (ils m’offrent la prépa car j’ai bossé pour eux en tant que CM) et à la préparation à distance de La Sorbonne (je peux là aussi vous faire un retour du coup! ^^).
Je révise très très peu. Je ne sais pas apprendre par coeur alors lire et relire mes fiches m’ennuie profondément. Je m’adapte à ma façon de fonctionner, plutôt intuitive.
En revanche, j’enchaîne deux galops d’essai blancs par semaine. Je n’y arrive en réalité que trois semaines. Le reste du temps, je zappe la NDS de La sorbonne et je me concentre sur la procédure pénal et le droit des obligations. Je passe quand même au moins six ou sept épreuves par semaine. C’est épuisant mais hyper formateur!
J’ai de très bonnes notes dans les matières juridiques et mes résultats en NDS sont un peu moins aléatoires, j’assure la moyenne quasiment à chaque fois, en plafonnant à 14.
La semaine des examens (qui coïncide avec la rentrée des enfants), je garde en tête toute l’expérience de l’an passé.
Je sais que la note de synthèse va me surprendre. Je sais qu’elle va également m’épuiser. Je garde en tête que je n’ai pas une capacité de concentration de cinq heures… Je dois travailler vite et sans trop réfléchir pour rendre une copie acceptable.
NDS: effectivement, le sujet m’a perturbé. Je boucle ma copie en 3h30. Je sais que ça n’est pas merveilleux, je ne suis pas sûre de mon plan, mais je ne pouvais pas faire mieux.
J’ai néanmoins le sentiment de ne pas m’être trop plantée, ce qui me donne beaucoup d’espoir pour la suite.
Oblig: je dois lire le sujet trois fois avant de commencer à comprendre une phrase entière. J’enchaîne sans trop réfléchir. Mon cerveau sait faire, j’ai passé l’été à le formater.
Je sors en ayant le sentiment de ne pas m’en être trop mal sortie. Pas l’extase mais ça peut passer.
Pénal: une partie de la consultation tombe sur un sujet que j’attendais (Loi Schiappa). Je suis dans mon élément. L’autre partie concerne plutôt le droit pénal des affaires, je ne suis pas sûre de moi.
Procédure pénale: je garde en tête que je dois tout donner jusqu’au bout, sans abandonner à aucun moment. Ne rien lâcher jusqu’à la dernière minute! Je lis le sujet et j’ai envie de pleurer… Je me ressaisis. Ne rien lâcher on a dit!
Au final, je gratte 12 pages sans tellement savoir où je vais. Je vais chercher tous les fondements possibles pour grappiller le plus de points. Je sors exténuée, peu confiante sur cette matière mais avec l’impression d’avoir mes chances dans la globalité.
Fin octobre: je suis admissible! Je passe de justesse mais je passe, j’ai sauvé les meubles!
En route pour les oraux.
Evidemment, à ce stade, je n’ai pas ouvert un bouquin de Droit des libertés fondamentales durant la période d’attente des résultats d’admissibilité. Petit moment de panique, donc! ^^
J’ai, en revanche, passé trois oraux blancs avec une amie, par Skype.
Forte du constat que l’entraînement est ce qui pourra sauver mon manque de connaissances, je propose des oraux blancs à tous ceux qui l’acceptent.
J’en fais une dizaine en tout. En parallèle, je révise comme je peux. Actu, lexifiches, bouquins de DLF que je lis en diagonale, bouquins de culture juridique…
J’arrive le jour J remontée comme un coucou, persuadée que mon sujet sera le meilleur des sujets. Je tombe évidemment sur un bon gros sujet pourri mais je ne m’en rends pas compte sur le moment. Tout au plus, je trouve le sujet franchement étrange mais sans m’alarmer plus que ça.
Mon exposé dure 12 minutes 30. (Il doit durer entre 10 et 15 minutes)
Les questions commencent et je panique. Je commence à ne plus savoir quoi dire, je tremble, je n’arrive plus à prononcer le moindre mot…
Ma fille aînée (qui a désormais 18 ans) est dans le public et j’ai envie qu’elle soit fière de sa maman. Alors, quitte à foirer cet oral, autant montrer un beau spectacle à ma fille!
Je reprends du poil de la bête. Je n’ai absolument pas conscience de ce qui sort de ma bouche. Est-ce pertinent? Est-ce complètement crétin? Ce n’est pas grave, je le dis avec aplomb!
En sortant, elle tombera dans mes bras, les larmes aux yeux “Maman, tu as été géniale!!!” Quelle que soit l’issue, j’ai au moins réussi à ses yeux, c’est toujours bon à prendre!
Moins de deux semaines plus tard, je suis admise à l’examen d’entrée au CRFPA.
J’ai conquis le coeur du jury. Sans doute pas autant que celui de ma fille, mais suffisamment pour qu’on me laisse une place dans la profession.
Voici donc mon parcours. Ébréché et un peu bancal par moment, mais qui m’a finalement mené précisément où je souhaite être depuis l’enfance.
Mon histoire est ce qu’elle est et je ne suis pas vraiment fière de tous les détours que j’ai pris pour en arriver là. Toutefois, une chose est certaine : j’étais une outsider.
Au regard de mes études, de ma situation familiale et professionnelle et des difficultés que j’ai pu rencontrer durant toute ma scolarité puis dans ma vie de jeune adulte pour « rentrer dans le cadre », je partais même carrément perdante.
Personne n’aurait misé un kopeck sur ma pomme… Et pourtant, je fais partie des heureux élus.
Je crois que mon expérience à cela d’intéressant qu’elle prouve qu’avec une bonne dose de détermination voire de pugnacité et beaucoup de volonté, aucun obstacle n’est infranchissable!
L’idée c’est qu’après la lecture de cet (bien trop long) article vous pensiez “oh bah si elle a réussi, c’est bon, je vais y arriver aussi!”. 🙂
Si l’envie est profonde, la réussite sera sans aucun doute à la clé!
*Niveau pratique, j’ai trouvé les emploi du temps des diverses filières en accès libre sur le site de la fac de Toulouse. Onglet “formations” puis “gérer sa scolarité”, cliquer sur “Droit”, vous avez ensuite accès à tous les EDT!