Ce billet est consacré au témoignage de Anne-Sophie, une élève-avocate de l’EDASOP, également dans le groupe pénal. Anne-Sophie mène de front études et travail. Elle a un parcours brillant et sans embûche, jusqu’au passage du CRFPA, qu’elle rate à la première tentative. Elle se reprend rapidement en main après une période légitime de déprime et décide de repasser l’examen immédiatement. Elle réussit lors de ce deuxième passage et nous livre un retour d’expérience plein d’espoir, de volonté et de gratitude !
Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Anne-Sophie, j’ai 23 ans et je suis devenue élève-avocate le 13 janvier 2020.
’ai eu un parcours scolaire assez classique avec des bonnes notes à l’école et de bons professeurs. Très jeune, j’ai été intéressée par le domaine de la police, des crimes (merci les séries TV de l’époque) et j’ai voulu devenir médecin-légiste, j’avais d’ailleurs effectué mon stage de troisième auprès de Monsieur Etienne Alliot qui exerçait cette profession à Toulon. Cependant, l’arrivée en seconde et mes résultats catastrophiques en physique-chimie ainsi que mon total désintérêt pour les maths m’ont amené à abandonner cette perspective. Je me suis dirigée vers un bac littéraire et en terminale, une option nous était proposée : « droit et enjeux contemporains ». C’est de cette manière que j’ai commencé à m’intéresser au droit, matière que j’ai trouvé très intéressante. Quelques mois après cette découverte, je me retrouvais assise sur les bancs de l’amphithéâtre de la Faculté de droit, de Reims, en première année de licence.
La licence de droit a été un moment de ma vie assez riche : entre découverte de l’autonomie, l’acquisition de connaissances jusque là inconnues, la rencontre avec des personnes qui sont restées mes ami(e)s aujourd’hui et surtout, la découverte du droit pénal, celle-ci s’est plutôt bien déroulée et je l’ai validé mention AB. J’ai travaillé pendant les deux dernières années de Licence pour pouvoir mettre un peu de côté et subvenir à mes besoins même si, je l’avoue et conçois que j’ai de la chance, mes parents m’aidaient financièrement. Je n’ai pas travaillé la première année car je voulais vraiment prendre mes habitudes à la fac, y trouver mes marques et surtout, trouver la manière de travailler qui me correspondait le plus.
A la fin de ces trois années, un dilemme s’est présenté à moi : rester sur Reims, près de ma famille, et donc m’orienter vers un master 1 droit privé ou partir dans une nouvelle ville, loin de mes proches, qui proposait un master 1 spécialisé en droit pénal ?
A cette étape, mon choix professionnel était fixé : je voulais devenir avocate. J’avais longuement hésité avant entre passer le CRFPA ou l’ENM mais mon stage, effectué auprès d’un avocat pénaliste, m’a orienté vers l’avocature. Ce qui m’a permis de faire un choix c’est principalement la relation qui existe (la plupart du temps) entre l’avocat et son client, relation qui n’est pas celle que le client a avec un juge par exemple. En effet, représenter quelqu’un c’est, à mon sens, nouer une relation particulière avec cette personne, c’est porter sa voix quand elle est dans une situation de vulnérabilité (que la personne soit du côté de la partie civile ou du côté du prévenu ou de l’accusé). Le droit pénal a ce coté particulièrement humain que les autres matières ont peu voire pas du tout et c’est cela qui m’a réellement donné l’envie d’atteindre ce projet professionnel.
Ainsi, j’ai longuement hésité à partir ou ne pas partir mais, en pensant à mes perspectives d’avenir, la deuxième solution paraissait la plus adaptée. Je suis donc arrivée à Toulouse au mois de septembre 2017 pour y faire ma rentrée en Master 1 Droit pénal et sciences criminelles. Dans la foulée, je me suis inscrite afin de passer l’examen du CRFPA un an après, en septembre 2018.
L’année de M1 a été, comme j’adore l’appeler, une révélation (sûrement que le climat du Sud y a en partie aidé haha). Toutes les matières étaient en rapport avec la matière pénale et étaient aussi intéressantes les unes que les autres (à l’exception du droit des contrats…mais ce ne que mon avis;)).
Ca ne me dérangeait pas de bosser les cours et d’y assister, d’autant plus que toutes les matières me seraient utiles pour le passage du barreau quelques temps après.
Master 1 en poche, j’ai été admise au Master 2 droit pénal et sciences criminelles toujours à Toulouse. J’ai consacré les mois de juillet et août à la préparation du CRFPA 2018. J’avais pris une prépa, SubBarreau en spécialité pénal naturellement. J’avais d’énormes lacunes en droit des obligations et ça se ressentait au niveau de mes notes d’ailleurs. Je n’arrivais pas à trouver une bonne méthode, celle qui me correspondrait le mieux, face à des cas pratiques d’oblig.
J’ai essayé, pendant tout l’été, de bosser mes connaissances et la méthode afin d‘appréhender au mieux cette matière. Les révisions en droit pénal, en procédure pénale et en note de synthèse étaient moins pénibles car ces matières m’intéressaient beaucoup plus. Je faisais environ deux voire trois entraînements par semaine et par épreuve. Je pensais que ce serait suffisant.
Le jour du début des épreuves arrive. Je me sens stressée comme jamais mais l’envie de réussir est présente. Première épreuve, note de synthèse, j’arrive à finir dans les temps mais je doute un peu sur la construction de mon plan. De toute façon, trop tard, c’est fait. Jour 2 : droit des obligations. Je n’ai jamais aussi peu compris un énoncé que ce jour là, j’avais beau le lire, le relire, surligner, chercher dans le code, rien n’y faisait…J’ai directement paniqué et n’ai pas réussi à me ressaisir. Je suis ressortie de l’épreuve en larmes et persuadée que le CRFPA c’était fini.
Je me suis tant bien que mal rendue aux deux dernières épreuves, droit pénal et procédure pénale, sans grande conviction.
Quelques semaines plus tard, les résultats des écrits tombent : non admissible. La douche froide. Je n’avais jamais ressenti un sentiment comme celui-ci auparavant : je me sentais nulle, triste, incertaine quant à mon avenir (car oui on remet tout en question en cas d’échec). J’avais débuté mon Master 2 un mois auparavant, cet échec m’a conduit à déserter les salles de classes pendant une semaine et demi voire même deux semaines il me semble. Je pense que j’étais dans un état de petite « dépression ». Envie de rien, je restais enfermée toute la journée à rien faire si ce n’est qu’à pleurer. J’avais envie de voir personne. Je remettais tout en question : comment, en ayant autant bossé pendant deux mois consécutifs, j’avais pu passer à côté de mon ambition ? Ca peut paraître excessif comme réaction mais c’est comme cela que ça s’est passé.
Peu à peu, je suis retournée en cours, je me suis préparée pour un départ au Canada car j’allais y effectuer mon second semestre de M2. Ca a d’ailleurs été une chouette expérience qui m’a permis de mettre entre parenthèse l’échec du barreau tout en essayant de me rebooster pour mon deuxième passage car oui, je m’était réinscrite à l’IEJ afin de le repasser. J’ai terminé la rédaction de mon mémoire de recherche au début du mois de juin, je suis revenue en France et à la mi-juin, j’ai recommencé les révisions.
Cette fois-ci, les révisions se sont déroulées différemment. Tout d’abord, j’ai choisi une autre prépa, l’ISP, l’une des moins chères (1000 euros pour cours vidéo, fascicules dans les matières choisies et examens blancs). J’ai commencé à me remettre au point en visionnant les vidéos en droit des obligations car oui, j’ai eu 5 ou 6/20 à cette épreuve lors de mon premier passage, c’est cette matière qui m’a empêché d’être admissible. J’ai relu les fascicules des autres cours mais les connaissances étaient encore ancrées dans un coin de mon cerveau du coup, j’ai eu besoin de moins de temps pour les ré-assimiler. L’un des points positifs de cette prépa c’est qu’ils nous ont fourni beaucoup d’examens blancs, c’est grâce à eux que ma méthode de révisions a changé : j’ai privilégié les examens blancs aux révisions, ça a tout changé.
En gros, le mois de juin a servi à me remettre dans le bain dans toutes les matières, le mois de juillet j’ai essentiellement fait des examens blancs, dans les conditions requises (sans téléphone, sans support et dans le temps imparti). Les corrections nous étaient envoyées maximum 3 jours (sans compter quelques retards) après avoir envoyé nos copies. Elles étaient claires et concises et montraient bien ce que les correcteurs, le jour J, attendaient de nous. Je prenais bien en compte les remarques faites (j’en faisais d’ailleurs des fiches) et je les relisais régulièrement afin de ne plus reproduire les mêmes erreurs. La première partie du mois d’août j’ai continué, la seconde partie, j’ai repris l’intégralité de mes devoirs et les corrections et j’ai relu jusqu’à ce que tout rentre. J’ai également relu mes fascicules.
Le mois de septembre est vite arrivé, ce qui signifiait début des épreuves de l’examen d’accès au CRFPA 2019. Je les appréhendais un peu plus sereinement, c’est sans doute grâce au fait que je m’étais accordée quelques jours de repos pendant la préparation (le dimanche je ne travaillais pas, sauf à la fin de l’été + je suis partie 3-4 jours en Espagne pour me vider la tête vers la fin du mois de juillet). C’est hyper important et croyez-moi, ça impacte sur le résultat final. Le repos n’est pas à négliger !
Grâce aux entraînements intensifs et à quelques jours de repos pris pendant la préparation, j’ai été admissible aux oraux de l’examen. Franchement, je n’avais jamais été aussi heureuse. J’ai pris ma revanche en droit des obligations, j’ai obtenu 11/20 cette année, 12/20 en droit pénal et procédure pénale et 10/20 en note de synthèse. Je n’avais pas brillé mais ça avait été suffisant pour les écrits.
Qui dit admissibilité dit forcément : passage du grand oral. Et là, angoisse totale. Dés que j’y pensais j’étais tétanisée. La perspective de passer devant un jury de trois personnes sur un sujet de droits et libertés fondamentaux, matière très très vaste, ne me rassurait pas du tout. Là pareil, j’avais deux entraînements vidéo avec la prépa. Ces entraînements ont été très formateurs et constructifs car l’enseignant en face de nous (de l’autre côté de l’ordinateur plutôt), à la fin de notre passage, nous disait ce qui n‘allait pas, ce qu’il fallait modifier mais soulignait les points positifs de notre exposé et nous donnait plein de conseils plus bénéfiques les uns que les autres. La prépa nous avait fourni un fascicule concernant cette matière et nous tenait au courant des actualités importantes à connaître.
Le jour J, je tombe sur un sujet relatif à la liberté d’expression, thème sur lequel je voulais à tout prix tomber. Le jury est sympathique et j’arrive à répondre à pas mal de questions. Je ressors de la salle totalement vidée et sonnée. A partir de là, impossible de m’auto-évaluer. J’étais plutôt contente en sortant de la salle mais plus je repensais à ce que j’avais fait, plus je me demandais si ça valait au moins 10. Ce sentiment d’incertitude a perduré jusqu’au prononcé des résultats début décembre dernier.
Ce jour a marqué ma vie : j’ai été admise à l’école des avocats de Toulouse. Quel bonheur, quelle joie, quelle satisfaction de pouvoir enfin entendre prononcer son nom par le président du jury.
Après un passage à vide suite au premier échec, après des mois de doute quant à ses capacités de réussir l’examen, après avoir totalement perdu confiance en soi, ça y-est, la revanche a été prise !
Le conseil principal voire même essentiel à mes yeux que je pourrais donner aux aspirants à la profession c’est qu’il est important de bien s’entraîner et de reprendre ses corrections car on acquiert un mécanisme qui nous sert le jour J. On devient de vrais robots avec les trames apprises par cœur, cela rassure et permet de gagner un temps fou. L’entraînement est PRIMORDIAL. Ne perdez pas la majorité de votre temps à apprendre vos fascicules par cœur mais préférez les examens blancs dans les conditions de l’examen.
Le deuxième conseil : reposez-vous ! Vous serez beaucoup moins efficaces en bossant tous les jours de façon intensive qu’en bossant par exemple 6 jours sur 7 avec des horaires convenables (à titre d’exemple, je faisais en général 8h-12h, 14h-19h).
Finalement, pour ceux qui ont déjà échoué : persévérez ! Ne perdez pas confiance en vous, essayez de déterminer vos points faibles et mettez tout en œuvre pour les corriger. Vous pouvez le faire, c’est certain.
Je vous remercie par avance pour votre lecture et si certains ont des questions, je donnerais mon mail à Aurore !
Merci encore.
Anne-Sophie
Merci Anne-Sophie pour ce témoignage plein d’espoir et de bons conseils! Et bravo pour ton admission!
Si vous souhaitez également témoigner au sujet de votre admission à l’école des avocats (par la voie classique, universitaire ou professionnelle) ou si au contraire, vous souhaitez apporter une expérience positive suite à un ou plusieurs échecs au CRFPA, vous pouvez envoyer un mail à aurore@commeunavocat.fr !